La vengeance dans le sang

Genre : conte
Résumé : La vengeance est un plat qui se mange froid...
Note : J'ai écrit cette histoire pour l'appel à texte "L'Or et le Sang" des éditions du petit caveau. Puisqu'elle n'a pas été retenue, je peux donc sans problème la mettre ici. J'avouerai que je suis presque soulagée qu'elle n'est pas été selectionnée car je n'en étais pas très fière et j'ai dû la finir un peu à l'arrache par manque de temps.
Vous pouvez lire la version corrigée (meilleure fin) ici.

La vengeance dans le sang

Je vais vous conter une histoire. Une histoire d’amour, mais aussi de haine et de vengeance. Lisez-la et apprenez. Apprenez à quoi mène la vengeance.


Il était une fois un pays gouverné par un roi cupide, nommé Hector. Tout ce qui l'intéressait était sa richesse. A tel point, que tous ses sujets étaient pauvres. Même les jolies femmes étaient incapables de le détourner de son amour pour l'or. Tout ce qui était à lui était fait en or, jusqu'à ses vêtements cousus de fils d'or. Pourtant, son conseillé, Martin, et plus grand ami, ne cessait de lui répéter qu'il devait absolument trouver une femme et donner un héritier à son royaume. Mais la seule réponse que le conseillé obtenait était toujours qu'il y avait encore tout le temps de penser à cela.

Un jour, Martin se rendant compte du mécontentement du peuple face au manque d'intérêt du roi pour son royaume, mais aussi à l'absence d'un héritier, fit passer une annonce dans tout le pays et jusqu'aux pays voisins pour trouver une femme au roi. Bien des femmes répondirent à l'appel, elles-mêmes avares de richesse pour la plupart. Elles défilèrent une à une devant le roi, se pavanant et cherchant par tous les moyens à conquérir le cœur de l'homme. Mais au grand désespoir du conseillé, le roi ne fut intéressé par aucune d'elle.

Malheureusement, une jeune femme, appelée Malicia, qui était persuadée de devenir la reine, fut très vexée d'être ainsi rejetée. Elle se jura alors de se venger du roi Hector. Pour cela elle mit en place bon nombre de plans diaboliques pour lui faire vivre un cauchemar. Mais à son grand damne, tous échouèrent lamentablement. Ne pouvant plus supporter l'idée que cet homme ait pu ainsi se moquer d'elle, elle mit en œuvre une dernière tentative ayant pour but de débarrasser définitivement le peuple de ce roi cupide et égoïste. Elle se fit engager en tant que servante et se débrouilla pour être de corvée de cuisine. Bien entendu, d'autres servantes étaient en permanence avec elle, et il lui était donc difficile de mettre son plan à exécution.

Un soir pourtant, la servante qui devait être avec elle en cuisine tomba malade. Toutes les autres étant occupées à une autre tâche, Malicia devait donc se débrouiller seule en cuisine pour préparer le repas royal. C'était le moment rêvé pour que son plan diabolique voie enfin le jour. Alors qu'elle préparait une délicieuse soupe de tomates, elle versa dans la mixture quelques gouttes d'un poison puissant qu'elle avait acheté à une vieille sorcière il y a fort longtemps, persuadée que cela lui servirait un jour. Peu après, la soupe fut servie au roi, et la jeune femme jubilait déjà de sa victoire.

Mais ce qu'elle ne savait pas, c'était qu'un sujet devait goûter chaque repas du roi avant que celui-ci ne le mange. Ledit sujet mourut quelques secondes après avoir avalé la cuillérée habituelle. On chercha alors qui avait préparé cette soupe empoisonnée et on fit venir Malicia devant le roi Hector. Celui-ci, furieux qu'on ait voulu attenter à sa vie, la chassa de son royaume, la condamnant à un exile à vie. Il fit ordonner à sa garde de la jeter hors du château et fit faire un ordre d'exécution au cas où elle tenterait de revenir.

Folle de rage et humiliée, Malicia partit en quête de vengeance, ruminant sans cesse sa haine. Durant plusieurs années, elle passa ses journées à chercher un abri pour dormir, et chaque nuit à rêver du jour où elle pourrait enfin faire payer à cet homme ce qu'il lui avait fait. Sa rancœur était en train de la consumer peu à peu, jusqu'à en perdre la raison.

C’est alors qu’un jour, tandis que Malicia marchait sur un chemin de terre, épuisée, guidée uniquement par son idée de vengeance, une femme à l’allure élégante l’interpella. Les deux femmes se regardèrent un instant, et rien qu’avec ce moment, Malicia su que l’inconnue pourrait la sauver. Malgré qu’elles semblaient toutes deux très différentes physiquement, elle était persuadée que leur façon de penser était pareille.

Malicia était blonde et petite, le visage dur et la taille fine, le tout relevé d’une bouche rose pale avec des yeux vert pomme et une peau matte. L’autre avait des cheveux d’un noir d’encre et plutôt grande, le visage fin et la taille élégante, le tout mis en valeur par une bouche rouge carmin avec des yeux bleu profonds et une peau laiteuse.

« Qui êtes-vous ? », Demanda Malicia.

« Je m’appelle Véroniqua. », Répondit la brune.

Cette dernière tendit la main et sans trop savoir pourquoi, Malicia la pris et suivit l’inconnue, comme hypnotisée. Elles marchèrent en silence pendant plusieurs heures, avant de s’arrêter devant une petite maisonnette, tout ce qu’il y avait de plus modeste. Véroniqua laissa entrer son invitée et lui servit de quoi manger. Le silence était toujours là, et pourtant, il n’y avait rien de pesant dans l’atmosphère.

Au bout d’un moment, Véroniqua brisa ce silence.

« Que souhaites-tu plus que tout au monde ?

- Me venger de ce roi cupide… Je voudrais qu’il souffre et soit humilié. Je voudrais qu’il meure ! »

La réponse était venue d’elle-même, sans la moindre hésitation et fit sourire la jeune femme pâle.

« Et si je te disais que je peux faire en sorte que ton désir soit exhaussé ? »

Cette phrase raisonna inlassablement dans la tête de Malicia. Elle n’osait y croire. Depuis tout ce temps où elle attendait cette occasion, elle se présentait enfin à elle. Et sans s’en rendre compte, un large sourire, que l’on pourrait aisément qualifié de sadique, s’étira lentement sur ses lèvres rosées.


Durant ce temps, au pays du roi Hector, la prospérité était de mise. En effet, malgré sa cupidité, une femme était parvenue à attirer son attention. C’était lors de la visite du roi d’un pays voisin, qu’il avait fait la rencontre de cette jeune femme. Il s’agissait de l’héritière du royaume, et son père, qui était assez âgé, cherchait un mari pour sa fille chérie. L’entente entre les deux familles fut immédiate. Pour une fois, Hector n’avait plus envie de faire passer son or avant toute chose. Il voulait maintenant rendre sa femme heureuse.

Le peuple fut ravi d’apprendre cette bonne nouvelle, et on fit la fête pendant des jours. La joie était palpable. Quiconque s’arrêtait dans le pays pour faire une trêve d’un long voyage, restait au moins une semaine durant pour profiter des festivités.

Un jour de printemps, une jeune femme, aux cheveux d’or et étonnamment belle, arrive dans le pays. Elle marcha d’un pas serein jusqu’à l’entrée du château où un garde l’aborda, une fleur à la main et un grand sourire sur les lèvres :

« Un bouton d’or éclatant, pourtant bien pâle à côté de vos cheveux luisant !

- Je vous remercie, Monsieur. »

La voix de la jeune femme finit d’achever le garda qui la laissa passer sans même protester. Celle-ci entra dans le château et demanda à voir le roi Hector, requête qu’elle n’eut aucun mal à obtenir tant sa beauté éblouissait ceux qu’elle croisait.

Arrivée devant le roi, elle s’agenouilla, puis lui expliqua la raison de sa visite.

« Votre Majesté. Je suis Malika, messagère du pays voisin. Mon roi est gravement malade et réclame la présence de sa fille, votre femme. Je suis venue en calèche avec une suivante pour ramener la princesse au plus vite. »

Tout de suite sous le charme de cette inconnue, le roi acquiesça et demanda à ses servantes de préparer la princesse et qu’elle s’en aille immédiatement au chevet de son père. Mais il posa néanmoins une condition : la messagère devait rester au château durant le voyage de la princesse, pour ainsi être sûr que la princesse reviendrait. La jeune femme blonde accepta, disant que c’était un honneur pour elle.

Le soir, à l’heure du diner, il convia son invitée à se joindre à lui pour le repas. Ils parlèrent longuement, de tout et de rien, comme s’ils se connaissaient déjà depuis plusieurs années. Le roi Hector se sentait en confiance et n’hésita pas à inviter la jeune femme dans sa suite pour boire un dernier verre et discuter dans l’intimité.

Mais une fois dans la chambre, à l’abri du regard de tous, le roi eu la mauvaise surprise de se retrouver cloué au lit, Malika l’y maintenant fermement. Ne comprenant pas ce qu’il se passait, il demanda le regard interrogatif :

« Que se passe-t-il ? Que faites-vous donc ? »

Malika laissa échapper un petit rire qui fit découvrir à l’homme deux canines bien trop longues pour un être humain normal, et répondit :

« Je ne suis pas la messagère du pays voisin, je ne connais même pas le nom de leur roi. Mon véritable prénom est Malicia. Vous souvenez-vous de moi, Majesté ?

- Comment pourrais-je oublier une personne que j’ai exilée pour avoir tenté de me tuer, déclara-t-il horrifié. Mais vous avez tant changé… Vous êtes devenue un démon !

- Un vampire pour être exacte. Et cela à cause de vous ! Vous êtes si cupide et égoïste et que vous n’avez même pas été capable de rendre votre peuple heureux ! Vous n’êtes pas un bon roi, et je compte bien débarrasser ce pays de la grossièreté que vous êtes ! »

Sur ces mots, elle se pencha sur le cou de l’homme, prête à y enfoncer ces crocs et à prendre sa vie et son âme, de la même manière qu’elle avait offert son âme à la femme qui lui avait redonné espoir. Le roi se débattait comme un beau diable pour se sortir des griffes de cet être maléfique.

Par chance, les bruits attirèrent un garde qui passait par là, et celui-ci se précipita dans la chambre et tira sur le vampire sans réfléchir, ne voyant que son roi en danger et n’ayant en tête que le désir, le devoir même, de le sauver coute que coute. Le corps de ce qui fut autrefois une jeune femme s’effondra de tout son poids sur celui du roi. La balle ne l’avait pas tuée, seulement assommée.

On fit venir tous les gardes du château et on emprisonna ce démon dans les oubliettes en lui mettant toutes les chaînes que l’on pouvait trouver. Une exécution publique était prévue, prévoyant de brûler le vampire qui avait osé s’attaquer au roi. Mais celle-ci n’eut malheureusement pas lieu. Pour une raison inconnue des mortels, Malicia n’avait plus la moindre trace de sang dans son corps et elle n’était plus que chaire putréfiée.

Après cette affaire, la princesse revint au château, soulagée que son père aille pour le mieux. Ils purent tous deux vivre heureux et en paix, et donner au royaume un magnifique héritier.


Si vous rencontrer cette jolie femme aux cheveux noirs, aux yeux bleus avec des lèvres carmines et à la taille élégante, ne vous laissez pas aveugler par votre vengeance. Ne vendez pas votre âme.

Retenez bien la leçon : la vengeance est un plat qui se mange froid, mais si on ne sait pas s’en détacher, elle devient un véritable poison.

FIN (26.11.2008)

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